01 juin 2006

Les ancêtres du marketing viral

Bonjour, je remercie le patron de me laisser blogger un petit peu pour le "non-bloggers day", qui offre aux internautes qui ne tiennent pas de carnet de bord virtuel l'opportunité de s'exprimer sur celui d'un ami.
Le marketing alternatif est assez ancien. Remontons à l'an 1771, par exemple, quelques années avant le début du règne de Louis XVI. Contrairement à ce qu'un film récent veut laisser croire, la pop music n'existait pas encore, mais après tout, Sofia Coppola n'était pas née et personne ne peut être sûr que le plus célèbre des compatriotes de Marie-Antoinette, un très jeune compositeur prénommé Wolfgang Amadeus, n'était pas monté dans les bpm au cours d'une rave-party à Schönbrunn. La France était sous le joug d'un état totalitaire et le peuple n'y mangeait point à sa faim. Cette année là, un concours fut organisé en les termes suivants: "Indiquez les végétaux qui pourraient suppléer en cas de disette à ceux que l'on emploie communément à la nourriture des hommes, et quelle en devrait être la préparation." Un ingénieur agronome de talent, qui laissa à la postérité une station de métro de la ligne 3, je veux bien entendu parler d'Antoine Augustin Parmentier, âgé de 34 ans à l'époque, rendit une copie à la gloire d'un tubercule découvert par les conquistadores espagnols deux siècles et demi plus tôt dans ce qui est aujourd'hui la République du Pérou et par lui-même seulement dix ans auparavant, lors d'un séjour dans les geôles prussiennes, un lieu bien moins exotique. Malgré ses commentaires dithyrambiques sur les possibilités culinaires de cette solanacée, l'usage ne se répand que lentement en France (et aujourd'hui encore, la kartoffel reste plus populaire outre-Rhin), la pomme de terre n'a pas la patate auprès du consommateur, principalement du fait de sa sulfureuse origine souterraine. C'est alors que notre agronome, sponsorisé par Louis XVI, développe ce qu'on peut nommer une stratégie de marketing alternatif. Il fait planter des pommes de terres dans la plaine des Sablons (oui, comme la station de métro à Neuilly, comme quoi le lieu était prédestiné à la culture souterraine) et place stratégiquement quelques gardes armés recrutés en emplois-jeunes autour du carré, afin de créer l'illusion que la culture en question est précieuse et vitale à l'intérêt de sa majesté. Comme prévu dans le business plan, les voisins s'en viennent voler discrètement quelques patates à la nuit tombée, s'en délectent et propagent la bonne nouvelle à la vitesse d'un buzz sur le web. Le succès d'un nouveau légume était assuré. Quant à notre personnage principal, si ses bonnes relations avec un futur guillotiné lui ont valu quelques soucis les premières années de la Révolution, ses desseins philantropiques furent vite reconnus, il entra à l'Académie des Sciences en 1795 et mourut la tête sur les épaules à l'âge respectable de 76 ans.

4 Comments:

Blogger guillaume said...

Merci Raph pour ta promptitude à prendre les rennes du blog pour le non blogger day (hop le lien pour ceux qui veulent en savoir plus sur cet évenement.)

Bravo pour avoir réussi à trouver une opération de marketing viral au XVIIIème siècle.
Je ne dirai pas que c'est la première opération de buzz car si on veux vraiment aller chercher dans l'histoire une belle opération de buzz. Je pense que les premiers à avoir fait du marketing viral sont les apôtres qui ont réussi à une dizaine à transmettre la parole de Jesus et quand on voit le nombre de personnes qui l'ont reçues à travers les temps, je pense que le succès de leur communication fait encore rêver quelques agences...

1:02 AM  
Blogger guillaume said...

Presque trop prompt car tu as posté 3 minutes avant que ça ne soit ton jour. lol

Si je devais faire une critique, c'est le manque d'air dans ton texte qui fait un peu pavé...

1:10 AM  
Anonymous Anonyme said...

Super histoire! c'est sûr que le buzz c'est vieux comme le monde mais celle-là est quand même bien originale, évidemment parfaite à placer dans un dîner, merci!

9:53 AM  
Blogger Raphaël said...

Ce qui m'étonne, c'est que l'heure de début de rédaction et non l'heure à laquelle j'ai clôturé mon post ait été pris en compte

10:05 AM  

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